mars 2023

Nous ne pouvons emporter que ce que nous avons fait de bien

Marlies et Georges Bertschmann ne veulent pas laisser au hasard ce qu’il adviendra de leur patrimoine le jour où ils ne seront plus là. Prévoyants, ils ont inscrit dans leur testament les organisations caritatives auxquelles ils souhaitent apporter leur soutien après la mort.

FAIRMED sur place : Vous vivez dans un appartement tout à fait normal en périphérie de Zurich, mais vous préférez consacrer l’argent dont vous disposez à des organisations caritatives plutôt qu’à des dépenses matérielles. D’où vous vient ce besoin de partager vos économies avec ceux qui ont eu moins de chance ?
Marlies Bertschmann : C’est comme ça que j’ai été élevée. Bien que nous ayons été douze enfants, nos parents nous ont appris à rester modestes et à penser à ceux qui sont moins bien lotis que nous. Je me souviens qu’enfant, je ne comprenais pas pourquoi ma mère était invitée à des événements organisés par diverses organisations – jusqu’à ce qu’elle m’explique qu’elle leur apportait régulièrement un soutien financier.

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Nous ne voulons pas léguer notre argent à des personnes qui en ont déjà suffisamment.

Une générosité et une solidarité que vous n’avez cessé d’appliquer dans votre propre vie. En effet, vous apportez non seulement un soutien généreux à notre travail, mais vous avez même décidé d’inclure dans votre testament quatre organisations, dont FAIRMED. Qu’est-ce qui vous a incités à faire un tel geste ?
Marlies Bertschmann : C’est très simple, nous ne voulons pas léguer notre argent à des personnes qui en ont déjà suffisamment. Celui-ci doit bénéficier à des personnes qui en ont véritablement besoin. Et c’est le cas des populations pour lesquelles FAIRMED s’engage : les plus démunis d’Asie et d’Afrique. Nous sommes heureux de contribuer à ce que ces personnes bénéficient de soins de santé de qualité.

Nous vous en sommes très reconnaissants et vous remercions du fond du cœur. C’est grâce à la solidarité de personnes comme vous que nous pouvons mener nos actions ! La santé est-elle un sujet important pour vous parce que vous avez longtemps travaillé dans ce secteur ?
Marlies Bertschmann : Tout à fait ! En tant qu’assistante médicale, j’ai travaillé 27 ans dans des cabinets médicaux. J’ai aussi soigné mon ancien patron pendant neuf ans quand il est tombé malade. Mais ce sont surtout la maladie et le décès prématuré de deux de mes frères qui ont profondément ancré en moi le souhait d’une meilleure santé pour tous.

Comment déterminez-vous, en tant que couple, les institutions auxquelles vous souhaitez apporter votre soutien ?
Georges Bertschmann : Nous ne soutenons pas beaucoup d’organisations. Nous préférons en sélectionner quelques-unes, auxquelles nous apportons des contributions généreuses. De mon côté, il y a notamment l’organisation « Denk an mich » (Pense à moi), que je soutiens depuis plusieurs décennies. Je crois qu’il est essentiel que les personnes handicapées et leurs proches puissent aussi s’offrir des vacances et un peu de repos ...
Marlies Bertschmann : … Oui, depuis que je connais Georges, il n’a jamais émis de souhait pour luimême. Il dit toujours à tout le monde de faire un don.

Monsieur Bertschmann, vous vous êtes également engagé en tant que bénévole.
Oui, une fois à la retraite et jusqu’à mon 70e anniversaire, j’ai été chauffeur bénévole pour l’organisation « Nez rouge ». Ma mission était de ramener chez elles des personnes qui n’étaient plus en état de conduire. Il ne s’agissait pas seulement de personnes alcoolisées, mais aussi de personnes qui ne pouvaient plus conduire pour des raisons médicales. J’ai eu beaucoup de plaisir à conduire pour ces personnes : cela leur permettait de rentrer chez elles en toute sécurité, sans avoir à aller chercher leur voiture le lendemain !

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Pour l’organisation ‘Nez Rouge’, j’ai ramené chez elles des personnes qui n’étaient plus en état de conduire.

Vous êtes tous deux de fidèles soutiens de FAIRMED, et vous vous reconnaissez dans nos actions. Mais selon vous, quels sont les éléments sur lesquels nous pourrions nous améliorer ?
Marlies Bertschmann : FAIRMED mériterait de mieux se faire connaître ! En effet, quand on dit aux gens qu’on est chez vous, ils ne voient pas toujours de qui on parle. Avant, quand vous vous appeliez Aide aux lépreux, vous étiez plus connus. Alors j’explique aux personnes que vos collaborateurs et collaboratrices sur le terrain veillent à ce que même les plus démunis reçoivent des soins médicaux.

… C’est super, un grand merci ! Rien que le fait que vous disiez « être chez nous » nous fait chaud au cœur. C’est le signe d’une grande solidarité, qui nous fait très plaisir. Oui, c’est vrai que notre organisation était plus connue sous le nom d’Aide aux lépreux. Nous avons changé de nom en 2009 parce que notre travail ne concernait plus uniquement la lèpre. Entre-temps, nous avons largement étendu notre panel d’actions, notamment à la santé maternelle et infantile, aux questions d’hygiène, à la prise en charge des personnes défavorisées et handicapées, ainsi qu’aux maladies tropicales négligées telles que l’ulcère de Buruli, le pian et les helminthiases. Nous nous efforçons de faire connaître FAIRMED via des activités de promotion peu coûteuses. Mais pour nous, il est primordial qu’une majeure partie des dons aille aux personnes qui nécessitent une prise en charge médicale d’urgence.
Georges Bertschmann : Oui, c’est déjà très bien comme ça.

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Alors j’explique aux personnes que FAIRMED s’engage sur le terrain pour que même les plus démunis reçoivent des soins médicaux.

Vous êtes mariés depuis 31 ans. Quel est votre secret pour un mariage heureux ?
Georges Bertschmann : La tolérance, le respect et l’estime. Partager son point de vue. S’il y a un problème, ne pas le fuir, mais l’aborder de front.
Marlies Bertschmann : Nous ne nous couchons jamais fâchés. En effet, on ne sait jamais si l’autre se réveillera le lendemain matin. Nous arrivons à un âge où nous devons faire face à notre finitude. Cela implique également de régler notre succession et de prendre en compte les plus démunis dans notre testament. Nous ne pouvons emporter que ce que nous avons fait de bien, a dit un jour Lotti Latrous avec justesse.

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