Il préférait garder ses distances pour ne pas nous contaminer.
Comme l’explique Nabina Danuwar, la femme du petit-fils de Bal : « Notre grand-père nous aimait de loin, il ne s’approchait jamais de nous. Jusqu’au séisme, on vivait sous le même toit, mais il gardait toujours ses distances. Je ne me souviens pas qu’il ait partagé un jour sa chambre avec nous ou avec notre grand-mère. Après le tremblement de terre, Bal a déménagé dans l’étable. Il voulait s’isoler totalement de nous. Il nous a expliqué qu’il avait sûrement la lèpre et qu’il devait nous protéger pour ne pas nous transmettre la maladie. On a essayé de le convaincre de revenir vivre chez nous, ou de consulter enfin un médecin − mais il ne nous écoute pas. Dans sa jeunesse, notre grand-père n’a pas prêté attention à la blessure qu’il s’était faite, il était concentré sur son travail. Puis il s’est marié, a eu des enfants, a construit une maison dans laquelle ils puissent tous vivre, et a subvenu aux besoins de sa famille, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus. Sa blessure s’est étendue et son état s’est aggravé, ce qui l’a empêché de travailler. Notre père et notre grand-mère n’ont cessé de demander à Bal de consulter, mais comme il craignait de souffrir de la lèpre, il a préféré garder ses distances avec sa famille plutôt que d’aller chez le médecin ».
L’aide FAIRMED
Les stigmatisations vis-à-vis des personnes atteintes de la lèpre sont telles que Bal a préféré ne pas consulter et s’isoler par peur d’être exclu de la communauté. Et ce, alors qu’un simple traitement antibiotique aurait suffi à guérir sa maladie il y a des décennies. Cela lui aurait épargné de graves mutilations et lui aurait permis de réintégrer sa famille. FAIRMED conseille la famille afin d’offrir une meilleure prise en charge à Bal Bahadur et de le convaincre de se faire dépister. Les collaborateurs et collaboratrices du projet ont informé les autorités sanitaires de sa situation, et FAIRMED a lancé la procédure de diagnostic. Bal Bahadur pourra bénéficier d’une opération de chirurgie réparatrice dans le cadre du projet. Par ailleurs, FAIRMED forme les auxiliaires de santé à la prise en charge des maladies tropicales négligées telles que la lèpre, afin qu’ils puissent sensibiliser la population à la maladie et réduire les stigmatisations.