FAIRMED sur place : Martin, pourquoi n’as-tu pas souhaité recevoir de cadeaux pour tes cinquante ans, mais des dons en faveur des projets de santé de FAIRMED ?
Martin Bärtschi : Au sein de mon cercle d’amis, j’ai observé que lors des anniversaires marquants, comme les cinquante ans, les personnes dont c’est l’anniversaire disent souvent ne pas vouloir de cadeaux car elles ont déjà tout. Et pourtant, la plupart des invités ne se présentent pas les mains vides.
Les gens se sentent souvent dans l’obligation d’offrir quelque chose quand ils sont invités.
Oui, c’est ce que je pense. C’est pourquoi j’ai eu l’idée de proposer à mes invités de faire un don pour une bonne cause. Ça permet de faire d’une pierre deux coups car ils sont contents de pouvoir offrir quelque chose, et ils ont d’autant meilleure conscience que c’est pour une bonne cause !
Un grand merci pour cette idée et pour le soutien que tu nous apportes ainsi dans la dispense de soins aux personnes défavorisées grâce à ta collecte de fonds d’anniversaire ! Qu’est-ce qui t’a amené à désigner FAIRMED comme bénéficiaire ? Fabio Molinari, responsable du service des programmes chez FAIRMED, est un bon ami à moi, que j’apprécie et dont je connais le professionnalisme, le sens des responsabilités et l’expérience en matière de coopération au développement. Je le sais car j’ai voyagé avec lui en Inde (rit).
Nous sommes ravis que tu aies entendu parler de nous via ton groupe d’amis. Que penses-tu de l’action de FAIRMED sur le terrain ?
Ce qui me plaît avec FAIRMED, c’est que l’organisation compte une équipe réduite en Suisse car la majorité des collaborateurs sont actifs directement sur le terrain, dans les pays d’intervention. Les chances de réussite d’une action sont bien plus grandes si par exemple des professionnels africains développent un projet en collaboration avec les habitants d’un village en Afrique, que si des collaborateurs suisses sont envoyés sur le terrain et tentent d’imposer leurs exigences et leur perfectionnisme suisses à ces mêmes villageois. De plus, un franc suisse vaut bien plus dans un pays émergent que chez nous.
Merci pour la publicité. Toi-même, en tant qu’ingénieur en chimie et en gestion de la nature, tu t’engages au quotidien pour que dans cent ans, les générations futures puissent encore boire une eau saine et de qualité en Suisse. Est-ce pour cette raison que tu soutiens des organisations qui s’engagent pour l’amélioration des soins de santé à travers le monde ?
Je soutiens des organisations qui s’engagent pour l’accès à une eau potable de qualité, tout comme des organisations qui s’engagent pour l’accès à des soins de qualité à travers le monde. Car malheureusement, les deux ne vont pas de soi partout, alors qu’ils vont de pair. Je déplore que la recherche médicale investisse principalement dans une médecine de pointe, que seule des privilégiés peuvent s’offrir, alors que la lèpre, par exemple, touche encore un grand nombre de personnes défavorisées à travers le monde. Bien que facilement curable, celle-ci entraîne en effet de graves mutilations, voire nécessite parfois l’amputation de certains membres.
C’est aussi notre avis. Selon toi, quelles améliorations pourrions-nous apporter à notre organisation ?
Je constate que certaines organisations à but non lucratif déploient d’importants efforts de publicité. On les croise partout, sur des affiches, dans le tramway et dans la presse. Mais ce que je me demande face à de telles pratiques, c’est quelle part du budget parvient réellement à ceux qui ont le plus besoin d’aide. Avec FAIRMED, ce n’est pas une question que je me pose. Vous n’êtes peutêtre pas aussi glamours dans votre communication, mais au moins, vous dédiez les fonds issus des dons à vos projets et non à des opérations de publicité.
Oui, nous essayons effectivement de réduire au maximum nos frais administratifs et publicitaires afin qu’une majeure partie des dons soient reversés à nos projets et permettent de dispenser des soins aux populations défavorisées. « Reversés », ça me fait penser : tu es toi-même un expert de l’eau. Peux-tu nous en dire un peu plus sur ta vie professionnelle ?
Oui bien sûr, avec plaisir. Je travaille en tant que spécialiste de l’eau potable au sein de l’Association suisse pour l’eau, le gaz et la chaleur, dans un environnement de travail très agréable. Tout d’abord, j’estime que s’engager pour une eau potable de qualité est une mission d’utilité publique, et ensuite, le secteur de l’approvisionnement en eau n’est pas soumis à une forte concurrence car les fournisseurs d’eau ne sont pas tenus de faire de bénéfices. Ainsi, ils peuvent se concentrer pleinement sur un approvisionnement sûr car les coûts sont supportés par les consommateurs. Cela contribue à une coopération constructive entre les différents fournisseurs. Tous s’entraident, échangent et s’engagent pour une eau potable de qualité en Suisse.
Et quelle est la qualité de notre eau potable ?
En Suisse, nous sommes privilégiés en matière d’eau potable. Mais nous ne devons pas la prendre pour acquise. Nous avons non seulement mal géré la situation pendant longtemps, ce qui se traduit par la présence de polluants dans l’eau, mais nous devons également faire face à de nombreux problèmes liés aux réchauffement climatique, à la fonte des glaciers, à la diminution des chutes de neige en hiver et à l’augmentation des sécheresses en été. Je pense qu’il en va de l’eau comme des soins de santé : parce que nous sommes habitués en Suisse à un approvisionnement en eau et à des soins de qualité, nous en oublions, premièrement, que cela ne va pas de soi, et deuxièmement, que des millions de personnes à travers le monde sont privées d’un tel accès.
Oui, et le manque d’accès à l’eau potable augmente grandement le risque de maladies. C’est pourquoi l’accès à l’eau potable joue toujours un rôle clé dans les projets de santé FAIRMED. Nous tenons à te remercier pour ta collecte de fonds en faveur de la santé des populations défavorisées et te souhaitons un très joyeux anniversaire ! Ça fait quoi d’avoir cinquante ans ?
Eh bien, je trouve que c’est très agréable ! Ce que je constate en vieillissant, c’est que le bien-être personnel devient beaucoup plus important que des facteurs extérieurs tels que la carrière ou la prospérité, qui pouvaient sembler plus désirables plus jeune. Je ne veux plus accumuler de choses, mais passer de bons moments. Ainsi, j’apprécie de passer du temps avec les personnes qui me sont chères, dans la nature, à vélo, à skis, en snowboard ou au camping.